Ginette Kolinka, rescapée d’Auschwitz, une première au LGL

Le LGL a eu une visite pour le moins exceptionnelle. En ce jeudi 18 octobre, Madame Ginette Kolinka, une des dernières rescapées du camp d’Auschwitz-Birkenau est venue témoigner pour la toute première fois au Luxembourg et ce auprès de tous les élèves des classes de terminale et de leurs professeurs. Près de 200 personnes étaient présentes pour écouter ce témoignage émouvant, mais aussi très captivant.

Ginette Kolinka n’avait que 19 ans lorsqu’elle et sa famille ont été dénoncées. C’est alors que tout le monde a dû se procurer des faux papiers qu’ils ont obtenus grâce à une de ses sœurs qui faisait partie de la Résistance. La famille s’est alors fait aider par des passeurs et se sont retrouvés à Aix-les-Bains pour ensuite se séparer en deux groupes pour atteindre la zone libre.

Cependant, il fallait survivre et donc trouver du travail. Deux de ses sœurs ainsi que Ginette travaillaient alors sur les marchés. Le 13 mars 1944, Ginette décide de laisser sa place à ses sœurs pour qu’elles puissent aller déjeuner. À cette époque, Ginette qui se trouvait un peu rondouillette, a voulu commencer à faire régime. Ses sœurs, une fois revenues, lui ont raconté à quel point elles avaient bien mangé. Ginette décide alors de se rendre à son tour au petit bistro du coin où elle découvre son père, son frère, Gilbert, et son neveu, Jojo, qui se font interroger par la Gestapo. Ils se font alors arrêter tous les quatre et sont amenés à la prison de Drancy où ils restent jusqu’au 31 mars. Le 13 avril 1944 on leur annonce leur départ pour Pitchipoï, ce qui signifie que leur destination est inconnue.

Enfermés dans ce wagon pendant plusieurs heures, ils étaient tous épuisés et manquaient d’air. Une fois la porte du wagon ouverte, Ginette a cru bien faire en disant à son père, à Gilbert et à Jojo de monter sur le camion, cela leur évitera de marcher. Cependant, elle ignorait que c’était la dernière fois qu’elle les verrait. Elle venait de les envoyer directement dans la chambre à gaz.

C’est à ce moment bien particulier que les élèves ont fait ressentir leurs émotions. Certains n’ont pas réussi à retenir leurs larmes, d’autres essayaient de rester concentrés.

Déplacée ensuite à Bergen-Belsen, à Ragun puis à Theresienstadt, elle sera libérée en juin 1945. En rentrant chez elle, après la guerre, elle a enfin retrouvé sa mère à qui elle a annoncé le décès de son mari et de son fils. Ginette avoue ne jamais avoir réussi à pleurer et n’a jamais eu de remords en annonçant cela à sa mère de façon aussi cruelle.

Ginette Kolinka a aussi fait remarquer qu’elle se rend avec plaisir auprès des jeunes dans les lycées afin de leur transmettre son histoire, mais aussi de faire de cette future génération des passeurs de mémoire. Elle a également rajouté que « la guerre, c’est le comble de la haine » et qu’il faut à tout prix éviter que cela ne recommence.

Stéphanie Duchaine

RTL Journal, à partir de 17:45

RTL Presse écrite

Lëtzebuerger Journal – 19.10.2019