A quelque chose malheur est bon

Alors qu’un terrible virus est sur le point d’anéantir de nombreux secteurs d’activité, de paralyser l’économie, de tuer des milliers d’êtres humains, une vingtaine d’élèves du LGL ont le privilège de partager leur passion avec des passants, des habitants de la Ville de Luxembourg, des élèves et enseignants du LGL.
Dans le cadre de leur cours de dessin, les élèves de la section Arts Plastiques en classe terminale (communément appelée 1re CE) se sont vu confier un défi stimulant mais en même temps très exigeant et complexe : proposer leur autoportrait en mettant l’accent sur leur personnalité en tant qu’élève d’une section E. Outre les aspects purement techniques de ce travail à réaliser dans la branche DESSIN, cette création est évidemment aussi révélatrice de leur maîtrise technique, artistique, spirituelle, tout comme de leur maturité et de leur sens critique.

La réalisation de ces travaux était initialement planifiée dans le cadre d’une exposition aux Rotondes pour laquelle les élèves des classes de 3e à 1re CE de 9 lycées luxembourgeois étaient censés travailler sur un sujet dans chacune de leurs branches artistiques (i.e. dessin, graphisme, histoire de l’art, conception 3D). L’exposition ayant dû être annulée et reportée à l’année 2022 (pour des raisons par trop connues hélas), les enseignants de la section Arts Plastiques du LGL ont tenté de trouver un autre moyen pour valoriser le travail de leurs élèves, en l’intégrant à l’exposition « 41e anniversaire de la section E au LGL ». Cette exposition montre les travaux artistiques d’élèves, depuis la création de la section Arts Plastiques au LGL, en 1979, jusqu’à aujourd’hui, au sein même du lycée.

Madame DICKES, professeure d’éducation artistique a alors souhaité joindre l’utile à l’artistique en profitant de la possibilité de donner la parole à ses élèves en exposant au grand jour les résultats de leur recherche identitaire (sur la place Auguste Laurent). En effet, le LGL a la grande chance de pouvoir régulièrement profiter de larges panneaux installés par la Ville de Luxembourg le long des grilles, devant le LGL.
Or ces autoportraits réclamaient la parole, attendaient une lecture sensible et poétique, un autre questionnement sur l’identité. C’est ainsi que leur professeure de français, Madame HOFFELT, a invité les élèves de la 1re CA, section littéraire du LGL à recourir à leur plume pour donner un envol différent à ces visages en quête de sens et d’identité dans une période trouble et incertaine.
Ce sont désormais les œuvres de 24 jeunes, tous élèves d’une classe de première, tous élèves de sections prioritairement « artistiques et culturelles » à une époque où la culture peine à survivre, qui nous interpellent devant le LGL.
Ces jeunes nous apostrophent, nous interrogent, nous mettent en garde : la réalité n’est pas toujours celle qu’on croit, voir n’est pas toujours regarder et être regardé ne signifie pas toujours être vu.
Il fallait donc un photographe capable de saisir ce questionnement, d’entrer en communion avec ces sensibilités de jeunes adultes, au seuil d’un instant déterminant de leur vie, de notre vie.
Monsieur Pierre WEBER, photographe, a magistralement capté ces instantanés pour les faire vivre quelque temps sous votre regard.

Danielle Hoffelt