Gilbert Massard au LGL: «La transplantation pulmonaire: du rêve de la chimère au traitement de l’insuffisance respiratoire terminale.»

Dans le cadre des festivités des 125 ans du Lycée de Garçons de Luxembourg, le chirurgien Gilbert Massard a rendu visite à son ancien lycée.

Le Professeur Massard est chef du service de chirurgie thoracique du CHU de Strasbourg, où il a développé une importante activité de transplantation pulmonaire, la première en France et rivalisant sans difficulté avec les plus grands centres de réputation internationale. Grand ami de la Russie et de la culture russe, Gilbert Massard coordonne régulièrement des projets de collaboration avec des institutions russes. En 2006, il a réalisé la première greffe bipulmonaire de Russie à Saint Pétersbourg, prouesse qui lui a valu le titre de meilleur médecin russe en 2009.

Bien que sa profession de chirurgien remplisse suffisamment ses journées – et ses nuits – le contact avec les jeunes lui tient à cœur. Titulaire d’une «Habilitation à Diriger des Recherches», le Professeur Massard enseigne aux étudiants du 2e et 3e cycle de la Faculté de médecine de Strasbourg. C’est à ce titre que le professeur a proposé un entretien sur les études de médecine aux élèves des sections C du LGL. Ils étaient une trentaine, venus de leur plein gré le jeudi, 8 mars après les cours, pour rencontrer le chirurgien de renom. Même quelques brebis égarées de la section B s’étaient mélangées au public des élèves de la section C, traditionnellement intéressés par une carrière médicale.

C’est d’une manière très simple et sympathique que le Docteur Massard s’est adressé aux élèves, une discussion « à capella » comme il se plut à préciser. Il leur a parlé de son parcours scolaire et universitaire, puis leur a donné de nombreuses informations détaillées sur les études de médecine, passant en revue les spécificités des trois cycles d’études universitaires. Il a bien-sûr évoqué plus longuement sa spécialité de la chirurgie cardio-thoracique.

Nos élèves, très inspirés ce jour-là, l’ont bombardé de questions, allant du choix de la spécialité en médecine jusqu’à des considération éthiques comme par exemple l’âge des patients transplantés. Ils l’ont questionné sur son intérêt pour la Russie et ses projets de collaboration avec des hôpitaux de ce pays. Dans sa réponse, Monsieur Massard n’a pas manqué d’évoquer le sort des enrôlés de force luxembourgeois au Krasnadar lors de la Seconde guerre mondiale, avant de parler des problèmes de la chirurgie thoracique dans la Fédération russe.

Le soir du même jour, dans le cadre du cycle de conférences «Les Glorieux Lycéens», le Professeur Massard a donné une conférence ouverte au grand-public, intitulée «La transplantation pulmonaire: du rêve de la chimère au traitement de l’insuffisance respiratoire terminale.»

L’exposé a commencé par un historique de la transplantation pulmonaire et des problèmes rencontrés par ses pionniers. Le Docteur Massard a donné ensuite des explications sur la greffe de poumons étayées par une présentation powerpoint décrivant chaque pas d’une transplantation à l’aide de photos explicites. Un clin d’œil à l’intérêt que l’orateur porte à la Russie: la présentation était entre-coupée par de nombreuses photos de ce pays. Au cours des dernières décennies, a expliqué le Docteur Massard, le taux de réussite des greffes pulmonaires a été en augmentation constante et l’espérance de vie des transplantés s’est sensiblement allongée, en particulier depuis l’essor des greffes bipulmonaires, comme le montrent les statistiques. Il reste que le nombre de donneurs est encore trop faible.

Après avoir décrit les problèmes rencontrés lors des greffes, à commencer par la logistique du prélèvement, puis les défaillances précoces du greffon ou enfin les complications dues aux immunosuppresseurs, le conférencier a évoqué les perspectives d’avenir de la transplantation pulmonaire. Le taux de réussite peut être amélioré en optimisant la conservation de l’organe grâce à la perfusion pulmonaire ex-vivo, une merveille « high-tech » fascinante, sorte d’environnement quasi-physiologique artificiel, qui fait manifestement rêver même le meilleur des transplanteurs. Une coopération accrue au niveau international et une meilleure logistique pour l’acheminement du greffon sont d’autres voies à suivre.

Une belle conférence qui a permis à l’ancien élève Gilbert Massard de retrouver son cher lycée et au public luxembourgeois de faire la connaissance d’un chirurgien de renommée internationale, fort sympathique et compétent, et excellent conférencier de surcroît.

Pascal Daman